la culpabilité
- jacantigone
- 27 juil.
- 3 min de lecture
Je vais faire une pause de réseaux en août. Pas une très longue, juste partir d'Insta et de YouTube pendant un mois parce que ça me rend anxieux.
Mais en y pensant ces quelques derniers jours, j'ai ressenti une émotion que je connais bien, je me sentais coupable.
Alors qu'on soit bien clairs, tous et toutes je suis pas une personne parfaite. Mais là en l'occurrence je ne fais rien de mal. Je ne vais faire du mal à personne et au contraire, j'espère que ça me permettra de prendre soin de moi. Alors pourquoi se sentir coupable?
En tant que militant, que personne de gauche avec certains idéaux, on a parfois (en tout cas j'ai parfois) l'impression que le sort du monde repose sur mes épaules. Il faut que je signe telle pétition, que je relaie tel post en story. Avec il faut le reconnaître un manque d'humilité flagrant. Je suis juste une personne. Je n'ai pas particulièrement d'influence et ce n'est pas quelque chose que je recherche. J'ai certes des responsabilités mais dans une petite asso pour laquelle je n'ai pas fondamentalement besoin d'être sur Instagram. Donc au final, tout le monde s'en fout.
Alors oui c'est vrai, pouvoir faire une pause c'est un privilège. Surtout que pour la première fois depuis longtemps je fais une pause non pas parce que je suis au bord du burn-out mais justement parce que je vais bien. Je vais bien et j'ai envie que ça continue, que mes vacances me reposent. Je sais que j'ai la chance d'être blanc dans un pays riche, d'avoir de la thune de côté. Et je fais pas des leçons de vie sur le besoin de déconnexion, je suis pas Inoxtag qui a besoin de ce créer des obstacles pour avoir l'impression de grandir. Je sais juste que là, ne pas voir l'actu de gens qui meurent pendant juste quelques semaines ça peut faire du bien.
Pourquoi c'est moi qui me sent coupable du réchauffement climatique alors que Taylor Swift fait des allers-retours en jet privé ? Pourquoi est-ce que je me sens coupable de ne pas pouvoir donner de l'argent avec mes économies d'étudiant alors que Bernard Arnault a de quoi nourrir des pays entiers ? Franchement faut remettre les responsabilités en face. Si quelqu'un doit se sentir coupable de la famine et du génocide à Gaza c'est Netanyahu et tous ses petits copains collabos, pas vos potes qui passent au Carrefour parce que c'est ouvert le dimanche. Et en disant ça je dis pas que le boycott n'a pas de sens. Juste ça arrive de faire des erreurs ou même juste de faillir.
Et c'est pervers ce besoin de trouver des coupables. Parce qu'à vouloir toustes être parfait·e·s on finit par se tirer dans les pattes. On attend des autres et de nous-mêmes qu'on ne fasse aucun faux pas, on se juge tout le temps. C'est pour ça aussi que les réseaux sont épuisants. Se remettre en question c'est important, mais pour ça il fut avoir l'opportunité de se tromper, d'apprendre, de grandir.
Je dis ça pour mes potes anxieux qui me lisent aussi, c'est pas de notre faute. Et c'est libérateur et effrayant à la fois. Ca veut pas dire qu'on doit siroter des cocktails en attendant que le monde brûle, je sais que ça nous démange d'agir et heureusement. Mais parfois il faut lâcher prise, juste sur quelques trucs. Et vraiment je suis le pire pour ça. On soulèvera encore mieux les montagnes si on prend le temps de nous reposer et de prendre des forces.
La culpabilité, j'aimerais que pour une fois elle aille travailler les gens qui font jamais d'efforts, les droitards qui accusent les étrangers, les riches même pas foutus de payer des impôts. tous ces gens qui pensent toujours être la solution sans jamais même envisager être le problème. J'aimerais leur refiler la culpabilité comme une maladie qui leur permettrait de bouger leurs culs blancs pour autre chose que pour eux mêmes, ça nous changerait.

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