ce qui ne nous tue pas

Evidemment j'écris un post perso avant de finir mon post de politique qui macère depuis un mois et demi, on ne change pas une équipe qui marche. Promis je vais le terminer un jour.

TW : violence (y en a un peu pour tous les gouts dans le domaine)

Hier, je me suis pris un coup dans la tronche. C'était pas le premier, c'était même pas le pire mais je vous le dis, c'est jamais très agréable.

J'ai passé toute mon enfance à encaisser la violence. La peur des cris, prendre le moins d'espace, ne rien faire de travers.

Il y avait d'autres choses bien sûr, j'avais une semaine sur deux les parents sur lesquels on peut compter et des amies d'enfance qui étaient comme des sœurs. L'école c'était pas la joie mais pas non plus l'enfer et en secondaire j'ai trouvé un groupe de gens avec qui je pouvais être moi-même.

Alors c'est vrai, la maltraitance ça m'a pas tué. Mais franchement, qui oserait dire que ça m'a rendu plus fort ? Qui oserait dire que toute une vie de problèmes de sommeil, des années de crises de panique, 8 ans de thérapie c'est de la force ?

J'ai grandi comme une fille. A partir de mes 12 ans j'allais en cours seul, je prenais le tram ou le bus en fonction de la semaine. Je me suis fait suivre, je me suis fait sifflé, je me suis fait toucher le cul ou la cuisse. J'en suis pas mort. J'ai appris à marché vite, à regarder devant moi. J'ai appris à me mettre dans les wagons avec un peu de monde, à m'éloigner des hommes saouls. J'ai mis des pantalons sur mes jupes, je suis rentré avec des potes, quitte à faire de gros détours dans BX la nuit. "envoie moi un message quand t'es rentrée". J'ai même tapé un type dans les burnes. Mais ça m'a pas rendu plus fort. J'avais les outils pour pas seulement avoir honte alors j'ai été en colère.

J'ai découvert que j'étais queer et j'avais pas envie d'avoir peur. Je me suis baladé avec des filles main dans la main, j'ai roulé des pelles à des enby dans la rue. Je me suis fait traité de gouine, de pédale. Un type a essayé de me frapper avec sa bouteille de bière alors je lui ai envoyé ma chaussure à la gueule. Il suffit d'ouvrir les réseaux pour voir le MR dire que les femmes trans sont pas des femmes, Trump nous interdire de respirer ou à peu près, les commentaires sous un post de la RTBF qui parle de mention de genre. Les fachos nous tueront pas toustes, on se battera pour ça, mais venez pas me dire qu'ils nous rendront plus fort·e·s

J'ai vécu une relation de merde où j'ai fait des trucs que je voulais pas faire parce qu'elle trouvait ça cool. J'ai mis des limites et elle les a dépassées. Je savais que j'étais pas me seul mais j'arrivais pas à voir la vérité en face. Un an plus tard j'ai du mal à écrire ça sans avoir l'impression que j'aurais pu faire quelque chose, protéger quelqu'un. Je suis pas mort, j'ai plus les souvenirs. J'ai peur d'apprendre qu'il y a d'autres gens.

Franchement on survit. Et je vais pas vous mentir parfois, je me dis que ceux qui ont rien vécu de tout ça ne me comprendraient pas. Ca rend pas plus fort mais ça rend différent. C'est pas la violence qui m'a construit c'est la communauté. La communauté c'est pas seulement avoir les mêmes peines c'est aussi avoir les mêmes joies, les mêmes valeurs. Et c'est pas parfait, les gens sont pas parfaits.

Parfois j'ai envie de balancer des briques comme Marsha P Johnson, de poser des bombes comme les suffragettes, de crier "violeuse" quand je vois mon ex en rue, mon père j'ai juste envie qu'il crève déso pas déso.

Merci à mes ami·e·s, à mes parents, aux exs barjos

et à toi mon amour