bulle

Parfois j'oublie que je vis dans une bulle. Une bulle d'amour et de bienveillance.

Ces derniers mois j'ai vu des élections dans mon pays où des politiciens ont agité des arguments violents comme si c'était un jeu. Je suis sorti dans la rue, pour lutter contre la montée de l'extrême droite, même en Wallonie où nous pensions être épargné·e·s.

J'étais en France, chez des amis chers, pendant les élections législatives et nous avons regardé les nouvelles la boule au ventre. La sécurité de mes oncles (couple gay marié), les soins de mes adelphes trans français·e·s étaient en jeu.

Depuis deux ans je vois la guerre la plus proche depuis longtemps ravager l'Ukraine. Depuis le 7 octobre je vois Gaza à feu et à sang.

Je ne comprends rien aux guerres, je me fous de qui a raison et qui a tort.

Parce que personne ne mérite de mourir pour ça. Encore moins des civils, encore moins des enfants.

Je vois mes adelphes queers en danger dans de plus en plus d'endroits. Je vois les femmes afghanes qui ne peuvent presque plus sortir, le meurtre de résistantes iraniennes. Je vois les mères lesbiennes italiennes perdre leurs droits sur leurs enfants.

Je vois les enfants qui travaillent, les personnes qui vivent dehors.

J'ai peur pour les migrant·e·s qui sont les boucs émissaires des fachos. Sans oublier les pauvres qui sont toujours celleux qui paient le capitalisme. J'ai peur pour les arabes, j'ai peur pour les noir·e·s, j'ai peur pour les juifves et pour toustes les autres qui sont opprimés parce qu'iels sont pas assez blancs, pas assez homme, qui parlent pas assez français pour le système.

Parfois je m'en veux presque d'avoir le luxe d'être en sécurité. Je peux être moi-même, je n'ai pas peur des bombes, je peux payer mes courses. Et parfois c'est tentant d'oublier qu'en dehors de ma bulle, le monde brûle. Je me sens impuissant, je me sens futile.

Jamais un assez bon militant, jamais un assez bon mouton.

mon seul conseil à celleux qui n'agissent pas par peur de décevoir : décevoir fais partie du boulot. Vous décevrez les conformistes parce que vous êtes "extrêmes" et les militant·e·s parce que vous ne connaissez pas tout. Parfois vous vous décevrez vous-même. Mais il ne faut pas que ça vous immobilise. Vous serez jamais parfait·e mais au moins vous agirez